A Jaselmer deux sacrées vaches ont baissé la tête lorsque je les ai croisé.


J’aurais pu prendre ce signe pour une salutation, une sorte de reconnaissance de ma personne. Il n’en était rien. J’avais opté initialement sur le fait qu’il s’agissait pour ces dernières de chasser un insecte inopportun. Je n’étais pas loin de la vérité.

C’était bien moi qui étais visé, bien que je ne sois plus dans la catégorie poids mouche.

Je ne sais ce qui a piqué leur susceptibilité, ce qui est sur c’est qu’à mon passage elles ont voulu me faire voir de quelle corne il leur chauffait et ce dans un vaste mouvement du cou. Une forme de ola ou de olé m’a heureusement permis d’éviter un engagement frontal et des dommages collatéraux.

Je ne leur ai pas fait la peau pour autant, mais de même qu’une corne torsadé de bélier a été rapporté d’un passage en Ethiopie, une corne de vache tient maintenant dans mes bagages et viendra désormais rejoindre celle déjà présente sur mes étagères Habitat.

Qu’on se le dise !

 

J’espère toutefois que l’amabilité de la faune de ses contrées s’arrêtera là, j’ai déjà goûté de la morsure des vampires volant sur mes chevilles et d’un chien m’ayant saisi le mollet, il ne manquerait plus qu’un dromadaire déblatère à mon sujet.

 

Pourtant ordinairement les vaches sont plutôt placide. Animal commun et inévitable des rues, ou elle permettent d’ailleurs aux motos de montrer toutes leur dextérité à les éviter, elles pointent ponctuellement leur mufle dans l’encoignure des portes ou l’encadrement des fenêtres qui sont à leur portée de garrot. Façon de rappeler aux habitants des maisons concernées qu’outre leur présence sur la place public, comme les sādhu elles attendent également qu’un peu de pitance leur soit offert pour alimenter leurs nombreux estomacs.

Gustativement parlant elles ne sont pas difficiles pour autant, on peut même dire qu’elles facilitent le travail des éboueurs en ingérant un nombre considérable des choses qui traînent par terre. Certains leur servent ainsi le contenu de leur corbeille à papier et elles semblent s’en délecter. Il s’agit sans doute pour elles plus d’un effort de déglutition que d’un apprentissage de la lecture, car à notre époque derrière tout papier il y a encore du végétale, accompagné il faut le reconnaître de quelques encres, qui donnent sans doute du goût à l’ensemble. 

 

Au quotidien dans la catégorie des animaux familiers les chiens tiennent largement leur part.

L’essentiel de leur temps consiste à se dorer le pelage au soleil (quand bien sur exceptionnellement, par inadvertance, ils ne viennent pas vous titiller les jarrets).

Dans la journée, entre deux siestes, le principe territorial bien ancré les amènent à retrousser les babines, hérisser le poil du dos et émettre force grognements quand un congénère à l’outrecuidance de dépasser son contingent habituel de territoire.

Pourtant pas un poil de racisme parmi eux. A la différence d’un chien français, bien de chez nous, qui croiserait une peau un peu trop colorée où l’ex habit d’un facteur, la guerre de Poitiers ne semble pas avoir usage parmi la gente canine en deçà de l’Himalaya.

Seul souci la nuit, se prenant peut être pour des loups garous, ils entament des frénésies vocales peu propice au sommeil de qualité des voyageurs.

Quand le soleil est levé on peut donc vaquer habituellement à ses occupations sans craindre la meute, mais le voyage n’est pas fini et les surprises encore possibles.